Les cercles vicieux de l

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Qu’un trouble de l’érection ait une origine organique ou psychologique, peu d’hommes et de couples restent insensibles au fait de voir leur sexualité se dégrader. La réaction du sujet à la frustration qui en résulte, tout comme celle de sa partenaire, perturbent le contexte dans lequel est vécue la relation sexuelle et renforcent le trouble (fig.3).

Figure 3

Du fait de notre conditionnement socio-culturel assimilant virilité et performance sexuelle, l’homme victime de problèmes d’érection se met en question. Il éprouve un sentiment d’échec, générateur de honte, d’autodépréciation, souvent de culpabilité (fig. 4). Il craint que l’échec se renouvelle, ce qui l’amène souvent à éviter des rapports sexuels devenus frustrants. Sa sexualité n’est plus gouvernée comme normalement par la recherche du plaisir, mais devient une performance à accomplir pour restaurer l’identité virile. Il en résulte une crainte obsédante de l’échec, une tendance à s’observer pendant les rapports, des efforts pour contrôler mentalement les érections. Ces réactions perturbent à leur tour la sexualité. Particulièrement, l’activité excessive du système nerveux sympathique qu’induit ce stress inhibe l’érection en contractant les muscles lisses des artères et des corps caverneux, tandis qu’elle tend probablement aussi à accélérer l’éjaculation.

Figure 4

Les troubles de l’érection perturbent également la relation de couple (figure 5). C’est bien sûr une source de frustration sexuelle pour la femme. Mais l’homme se rend rarement compte qu’il s’agit tout autant pour elle d’une source de frustration affective. Comme il craint d’exciter sa femme sans pouvoir ensuite la satisfaire, il évite tout contact physique, toute démonstration de tendresse, toute situation d’intimité qui risqueraient de conduire à la sexualité. Elle se sent de ce fait ignorée, mal aimée. Elle interprète souvent à tort les problèmes d’érection comme un manque de désir pour elle, ce qui l’amène aussi à s’inquiéter de son pouvoir de séduction, et se sentir blessée dans sa féminité. Comme l’homme se sent souvent trop honteux pour parler de son problème sexuel, il n’explique pas les raisons de son attitude d’évitement. Le malentendu qui résulte de ce manque de communication peut induire des réactions négatives chez la femme : jalousie, colère, menaces ou à son tour évitement des rapports. La conséquence en est une pression de performance qui renforce la crainte de l’échec. L’homme se sent de plus en plus obligé de réussir pour ne pas perdre sa femme.


Figure 5

On comprend que, de cette façon, des perturbations modérées de l’érection, résultant d’une anomalie organique mineure ou d’une indisposition passagère, puissent aboutir à des troubles de l’érection complets si elles surviennent chez des hommes ou des couples prédisposés, car plus fragiles que la moyenne, ou pendant une période où l’homme est rendu vulnérable par une atteinte à son identité virile (stérilité, maladie, invalidité, chômage…) ou par une crise dans son couple. Ces cercles vicieux peuvent ensuite suffire à maintenir les problèmes d’érection alors même que la cause initiale a disparu.