Association pour le développement de l’Information et de la Recherche sur la Sexualité

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Dernière mise à jour : juillet 2000

Il s’agit par définition des maladies transmises à l’occasion des rapports sexuels non protégés (sans préservatif).

De nombreux micro-organismes (virus, bactéries, levures, parasites) peuvent être à l’origine de maladies sexuellement transmissibles (MST) chez la femme et chez l’homme, provoquant vaginites (infections du vagin), urétrites (infections de l’urètre), cystites (infections de la vessie), bartholinites (infections des glandes situées de chaque côté de l’entrée du vagin), cervicites (infections du col utérin), endométrites (infections de l’utérus), salpingites (infections des trompes qui peuvent les boucher et rendre stérile), prostatites (infections de la prostate), balanites (infections du gland, chez l’homme), plus rarement infections des voies aériennes supérieures (gorge, amygdales à la suite de rapports bucco-génitaux), mais aussi maladies générales (hépatite B et C, SIDA). Les infections génitales en cause sont souvent responsables de douleurs et de brûlures, mais peuvent aussi passer inaperçues, ce qui favorise la contamination du ou des partenaires. Le fait est d’autant plus grave que même dans leurs formes torpides, beaucoup de ces infections exposent à la stérilité de la femme comme de l’homme. L’une des causes les plus fréquentes de la stérilité féminine, la stérilité tubaire, liée à des anomalies post-infectieuses des trompes, résulte plus d’une fois sur deux d’une maladie sexuellement transmise. La situation est encore plus grave en ce qui concerne les maladies générales sexuellement transmissibles (hépatites et SIDA), souvent initialement torpides quoique contagieuses, et dont l’évolution peut être mortelle dans certains cas. On ne saurait donc trop insister sur la prévention des MST qui repose fondamentalement sur l’emploi systématique du préservatif avec tout partenaire récent, ou ayant eu récemment des rapports en dehors du couple, ainsi qu’en cas de contamination personnelle confirmée par un médecin, ou de rapport avec un nouveau / une nouvelle partenaire n’offrant pas toute les garanties, pour éviter de propager à son tour l’infection.

On trouve à l’état normal dans le vagin des bactéries protectrices (bacille de Doderlein) dont la diminution facilite la multiplication d’autres bactéries, ou de levures qui, elles, peuvent causer des maladies. La diminution des bactéries protectrices peut être provoquée par :

– la prise d’un antibiotique ou d’un corticoïde ;

– un savon trop agressif, des toilettes intimes trop fréquentes, ou à l’inverse une absence d’hygiène ;

– une macération entretenue par des vêtements trop serrés, ou des tampons périodiques insuffisamment renouvelés ;

– une contraception orale fortement dosée en œstrogène pour certaines femmes ;

– un état diabétique.

Premiers signes :

– une douleur pelvienne (dans le bas-ventre), plus ou moins continue ;

– des pertes sales, les « leucorrhées » (blanchâtres, jaunâtres, verdâtres, grisâtres, ou parfois sanguinolentes) ;

– des démangeaisons, sur une zone plus ou moins enflammée de la vulve, du périnée, du vagin, du gland ;

– une sensation de brûlure après le rapport sexuel ;

– une dyspareunie, douleur vaginale lors des rapports, soit à l’entrée du vagin, soit au fond ;

– des signes urinaires avec brûlures et envies fréquentes d’uriner ;

– des ulcérations ;

– des végétations (sortes de verrues).

D’autres signes ne sont pas limités aux zones génitales : les hépatites B et C, et le SIDA se caractérisent par des manifestations générales :

– Dans l’hépatite B : l’ictère (coloration jaune de la peau et des muqueuses) peut être évident, mais est souvent absent. Les seuls signes sont très fréquemment la fatigue et l’amaigrissement. Dans les formes les plus graves, les complications sont marquées par la chronicisation, ainsi que par l’évolution vers la cirrhose, et parfois la cancérisation.

– La primo infection par le virus du SIDA peut se traduire par des signes neurologiques (paralysie faciale, méningite) , des signes digestifs (diarrhées), des signes cutanés (dermatoses) ou des signes généraux (fièvre et fatigue), mais elle peut aussi souvent passer inaperçue. En l’absence de traitement efficace, l’affaiblissement plus ou moins progressif rend la personne atteinte vulnérable à d’autres infections (pneumopathies, encéphalites, méningites), qui peuvent finalement entraîner le décès.

GERMES EN CAUSE DANS LES MST

1. BACTERIES :

Chlamydia Trachomatis : Ce germe, également pathogène pour l’œil et responsable de cécités des enfants par contamination lors de l’accouchement (le trachome), est cause importante de stérilités féminines dans nos pays industrialisés, en provoquant des salpingites. L’infection peut passer inaperçue. En cas de

grossesse, il faut éviter la contamination de l’enfant. C’est un germe hautement contagieux et à toujours rechercher quand on suspecte une MST.

Gonocoque : Ce germe peut toucher l’œil, le pharynx comme les organes génitaux. Il peut provoquer une bactériémie (envahissement du sang par un très grand nombre de germes), et donc des arthralgies (douleurs articulaires). Chez l’homme, les signes sont visibles puisqu’il existe un écoulement purulent par l’orifice enflammé de l’urètre, généralement accompagné d’importantes brûlures uréthrales lors de la miction. Chez la femme, l’infection peut être silencieuse et méconnue, mais parfois il y a des troubles urinaires et un œdème de la vulve. Des contrôles au laboratoire de l’efficacité du traitement antibiotique sont indispensables.

Syphilis : Elle est en recrudescence, particulièrement chez les toxicomanes. Le porteur du germe n’a souvent aucun symptôme. Le chancre (ulcération), très contagieux par le liquide qu’il sécrète, n’est pas douloureux. Il peut se trouver sur la vulve, dans le vagin, sur le col utérin, dans l’anus, sur le gland de la verge, dans le pharynx. Chez la femme, il peut donc être invisible, et la contamination se faire par ignorance. L’ l’apparition du chancre chez l’homme peut être le premier signe qui alerte, et amène la consultation de la femme. Il est indispensable d’agir à ce stade de la maladie, parce que le traitement du chancre (antibiothérapie) la guérit complètement. Sinon, après une période de rémission très trompeuse, elle évolue vers une généralisation infectieuse : éruption de boutons sur la peau et les muqueuses, avec température et perte de poids, et souvent alopécie (perte des cheveux en plaque). À ce stade, elle est très contagieuse. Le dernier stade, exceptionnel aujourd’hui, est marqué par des troubles neurologiques (troubles du comportement et de la mémoire, tremblements, paralysie).

Gardnerella vaginalis : Ce germe existe souvent en petite proportion dans un vagin normal. Il se développe en quantité pathologique quand il y a un déséquilibre de la flore vaginale ou en cas de partenaires multiples, ou s’il existe des infections associées (herpès, gonocoque). Il se caractérise par des pertes blanches, grises ou jaunâtres, accompagnées de démangeaisons et d’une odeur nauséabonde.

Uréaplasma Uréalyticum : Comme le précédent, ce germe peut se trouver dans un vagin normal, et ne devient pathologique que associé à d’autres germes de MST. Il est responsable d’urétrites, d’endométrites et de salpingites.

Mycoplasme (Mycoplasma Hominis) : Ce germe est responsable de vaginites, d’urétrites, d’endométrites et de salpingites généralement également en association à d’autres.

2. VIRUS :

– Virus de l’herpès génital : Ce virus, différent de celui de l’herpès classique, qui touche la lèvre supérieure, provoque des démangeaisons et brûlures des muqueuses génitales. Des zones inflammatoires recouvertes de petites vésicules ou d’ulcérations apparaissent, rendant les rapports très douloureux, et peuvent récidiver tout au long de la vie dans certaines périodes d’affaiblissement de l’immunité : stress physique ou affectif, règles, grossesse. L’éruption peut entraîner des difficultés à la pénétration. Fièvre, fatigue et atteinte des ganglions inguinaux peuvent accompagner les poussées. Une femme enceinte porteuse de ce virus doit bénéficier d’une surveillance particulière avant l’accouchement : la césarienne est souvent conseillée afin d’éviter la contamination du bébé. Un traitement anti-viral est prescrit lors de la primo infection, et parfois en prévention des récidives si elles sont fréquentes.

Papilloma virus : Ce virus provoque des lésions appelées condylomes ou crêtes de coq, sortes de petites verrues sur les muqueuses génitales ou anales. Ces lésions peuvent être détruites au cabinet médical au moyen de différentes techniques (dont le laser) ou peuvent bénéficier de traitements locaux (Condylineâ ). Les éventuelles récidives par réactivation de formes latentes, ou par une nouvelle contamination, doivent être surveillées avec attention et traitées, car, comme elles sont indolores, elles peuvent passer inaperçues, alors que certaines variétés de ces virus peuvent faciliter le cancer du col de l’utérus.

– Virus de l’hépatite C : Ce virus est surtout transmis par voie sanguine (transfusion, ou toxicomanie), plus rarement par voie sexuelle. Il entraîne souvent une hépatite chronique très fatigante, et qui peut évoluer vers le cirrhose et dans quelques cas le cancer du foie. Dans les formes graves, l’interféron peut retarder l’évolution ; il n’existe pas de vaccination.

– Virus de l’hépatite B : ce virus est transmis par le sang et le sperme. Le risque d’être contaminé peut être prévenu par la vaccination, dont la systématisation a cependant, récemment, été controversée.

– Virus du SIDA (Syndrome d’Immuno-Déficience Acquise) : Le virus du SIDA est présent dans le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, la salive et les larmes. Une mère peut le transmettre à son enfant lors de la grossesse ou de l’allaitement. La transmission hétérosexuelle est en recrudescence. Le diagnostic est biologique. Il faut un délai d’environ deux mois entre la contamination et l’apparition d’anticorps dans le sang. Il est donc inutile de faire le test trop tôt après un rapport suspect : il serait négatif, et éventuellement faussement rassurant. De plus on voit qu’ on peut être atteint sans le savoir, et donc contaminer d’autres personnes. Le virus détruit lentement certains lymphocytes (une des catégories de globules blancs) qui jouent un rôle important dans la défense de l’organisme.

PARASITE :

Le Trichomonas est le germe le plus rencontré, assez souvent associé à d’autres. Il est repérable par les leucorrhées mousseuses et verdâtres, abondantes. Il entraîne des douleurs pelviennes, particulièrement lors des rapports, et des brûlures urinaires. Le traitement est à la fois local et oral.

TRAITEMENTS ET PRÉVENTION

La plupart de ces maladies nécessitent des examens biologiques ou des prélèvements pour leur diagnostic et le suivi de leur évolution jusqu’à la guérison complète. Pour les maladies à risque élevé comme l’hépatite et le SIDA, le suivi doit être particulièrement systématique. Même si elle n’est pas toujours possible, une consultation ou au moins un prélèvement chez le ou les partenaires est souhaitable, afin de la protéger lui même du risque de complication, et d’interrompre la chaîne de contamination.

Des traitements efficaces existent dans la plupart des affections sous forme de médicaments (antibiotiques, ovules, antiviraux), ou d’interventions (coagulation au laser etc…).

Ces maladies qui gâchent le plaisir pourraient disparaître si l’usage du préservatif (garanti par le label NF : Norme Française) était généralisé dans les situations où les garanties apportées par le partenaire ne sont pas complètes, ou dans les cas de partenaires multiples. Aujourd’hui, même les sujets allergiques au latex tolèrent les préservatifs en latex déprotéïné.

Comme alternative au préservatif, des ovules et crèmes spermicides aux propriétés antiseptiques peuvent être utilisés, mais la protection qu’ils apportent est moins certaine.

L’hétérosexuel est aussi vulnérable aux MST que l’homosexuel, et les toxicomanes représentent un groupe particulièrement à risque par leur situation sociale souvent très difficile et par le fait que la prise de drogues facilite, par ses effets mêmes, la négligence vis à vis des précautions nécessaires, particulièrement l’exposition à des rapports sexuels non protégés et la réutilisation d’un matériel d’injection possiblement contaminé. On doit, et on peut aujourd’hui facilement, se procurer des seringues et aiguilles non usagées et ne les utiliser qu’une fois.

Les femmes porteuses de stérilet sont plus exposées aux infections vaginales : le fil trans-cervical favorise le passage des germes. Ce moyen de contraception n’est donc pas à conseiller aux femmes qui ont – ou dont le partenaire a – des partenaires multiples, ainsi qu’à celles qui n’ont pas encore eu d’enfant (eu égard au risque de stérilité).

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