Les maladies cardio-vasculaires, les dysfonctions éréctiles et plus généralement les rapports sexuels sont étroitement liés. Le risque de développer des difficultés d’éréctions chez un homme porteur d’une maladie cardiovasculaire est de 38 % , alors qu’elle est de 28 % chez les diabétiques et de 10 % dans la population générale.
Dans une étude américaine, 3 % des hommes hospitalisés pour un infarctus du myocarde (IDM) déclarent avoir eu un rapport sexuel dans les deux heures précédants. Par ailleurs, cette même étude suggère que le risque d’IDM, chez les personnes à risque, après un rapport sexuel , est essentiellement présent dans les deux heures après le rapport pour devenir non significatif après 3 heures et absent au delà de 6 heures.
Physiologie
Les bases physiologiques de cette association ( problèmes d’éréctions, cardio vasculaires et rapports sexuels ) sont multiples. Tout d’abord , les facteurs de risque communs entre maladies cardiaques ( coronariennes ) et dysfonction éréctiles : tabac, obésité, dyslipidémie… et leurs conséquences ( artéiosclérose) .Un homme consultant pour une difficulté d’éréction peut avoir des facteurs de risques cardio-vasculaires qui seraient dépistés à cette ocasion ( § le chapitre hygiène de vie et dysfonction éréctiles ). La physiologie des artères coronaires est semblable à celle des corps caverneux : un relachement des fibres musculaires lisses en réponse à un médiateur ( le NO), par l’intermédaire de l’endothélium , le tout aboutissant à une vasodilatation.
Il ne faut pas oublier , par ailleurs, qu’un rapport sexuel reste une activité physique, variable bien évidemment d’une personne à l’autre mais également d’un rapport à l’autre ( fonction de l’effort fourni, de la durée…). De plus , et quelque soit l’activité physique, il existe lors des rapports sexuels, une sécrétion naturelle de cathécolamines, traduisant le plaisir et ayant des conséquences cardiaques ( accélération du rythme, élévation de la tension artérielle). Ceci est majoré lors de l’orgasme. C’est ainsi l’activité cardiaque lors des rapports sexuels est comparée à celle d’un laveur de vitre et, lors de l’orgasme, à celle d’un maçon !!
Recommandations
C’est pour toutes ces raisons que la fonction cardiaque et surtout coronaire doit être évaluée, chez tout homme consultant pour dysfonction éréctile, et ceci quelque soit le traitement envisagé.
The Princeton Consensus Panel ( De Busck et al, 2000) apparu dans l’American Journal of Cardiology, recommande que les patients soient classé en trois groupes :
- Groupe à faible risque : ce sont les patients ayant une hypertension artérielle bien contrôlée, une angine de poitrine minime stable, une insuffisance cardiaque de stade I, un geste de revascularisation coronarienne efficace , une histoire d’IDM non compliqué de plus de 2 mois, une pathologie valvulaire bénigne, mais aussi les patients asymptomatiques et enfin ceux ayant moins de 3 facteurs de risque cardiovac. Ces patients peuvent recevoir d’emblée tout traitement pour les éréctions ( en respectant les contre indications propres de chacun ). Leur risque cardiaque doit être réévaluer tout les 6 à 12 mois , selon les cas.
- Groupe à risque élevé : ce sont des patients porteurs d’une angine de poitrine instable ou réfractaire, une hypertension artérielle non contrôlée, une insuffisancs cardiaque de stade III ou IV, un IDM de moins de deux semaine, un risque élevé de passage en arythmie, une cardiomyopathie obstructive et une pathologie valvulaire modérée ou sévère. Chez ces patients, la priorité est à la prise en charge cardiaque, spécialisée. Le traitement des difficultés éréctiles sera différé (après la stabilisation de leur condition vardiaque)
- Groupe à risque intermédiare : incluant tout ceux qui ne sont ni dans le premier ni dans le deuxième groupe : patient ayant 3 ou plus de facteurs de risque, une angine de poitrine modérée, un IDM entre 2 et 8 semaines, une artériosclérose clinique non cardiaque cervicale, membres inférieures…)… Ces patients doivent avoir des examens spécialisés qui permetteront de les regrouper dans l’un des deux premiers groupes, avant tout traitement pour l’éréction. Ces examens comportent essentiellement une échographie cardiaque voire transoesophagienne, une ECG et une épreuve d’effort. Il est important de comprendre que ce sont des examens permettant d’évaluer au mieux le risque coronarien mais qu’aucun examen actuellement ne permet de certifier à 100% si la personne aura ou non un IDM lors d’un rapport sexuel ( surtout que la situation cardiaque peut évoluer après la réalisation de ces examens)
Recommandations particulières au Sildenafil
Les documents de The American College of Cardiology et de l’American Heart Association Expert Consensus concluent au fait que le sildénafil ne doit pas être utilisé dans les cas suivants : patient traité par un dérivé nitré quelque soit le mode d’administration (p.o., sublingual, IV,..) mais aussi chez ceux ayant une ischémie coronarienne active , une insufisance cardiaque congestive avec unr TA basse et enfin ceux ayant trois traitement antihypertenseur ou plus (Cheitlin and al, 1999). En dehors de ces cas, le raisonnement reste le même (cf plus haut ) que pour tout traitement des dysfonctions éréctiles.
En réalité , l’identification du risque cardiovasculaire lié à l’utilisation du sildénafil est limitée par le manque de donnés précises sur ce sujet . Cependant , les différentes informations ne montrent pas de risque accru ,d’avoir un accident cardiovasculaire lors du rapport sexuel ,par l’utilisation du sildénafil. Les études objectivent n’ont pas révélé de risque spécifique d’IDM ( ni autre décès par pathologie cardiaque aigue ) lié au sildénafil.
Conclusions
Il existe une relation évidente entre les rapports sexuels et le risque d’accidents cardiovasculaires. C’est pour éviter la survenue d’un infarctus du myocarde (ou autre pathologie aigue grave) que certaines règles médicales sont à respectées lors de la prise en charge des troubles d’éréctions. Pour que le traitement prescrit soit entrepris en sécurité, il est nécessaire de savoir quel est le risque de chacun des patients en fonction de ses antécédants, son mode de vie, son traitement, … Il est parfois nécessaire, pour mieux évaluer ce risque, de réaliser des examens complémentaires à visée cardiaque. D’une façon simpliste mais assez logique, beaucoup de médecins considèrent qu’une personne pouvant monter les escaliers de deux étages sans douleurs thoraciques ni autres difficultés cardiaques, peut également accomplir un rapport sexuel sans risque ! Même si le sidénafil n’a pas été clairement reconnu comme augmentant le risque de décès lors des rapports sexuels, il existe des précautions spécifiques à son utilisation , dont la principale reste la contre indication absolue à toute association avec les dérivés nitrés.