On parle d’éjaculation précoce ou prématurée lorsque l’homme ne peut contrôler durablement son excitation, il n’arrive pas à repérer les sensations prémonitoires de l’éjaculation qui survient alors trop vite et involontairement.
En 2008, la société internationale de médecine sexuelle (ISSM) a défini l’éjaculation précoce de la façon suivante :
L’EP est une dysfonction sexuelle masculine caractérisée par :
- une éjaculation qui survient toujours, ou presque toujours, avant la pénétration vaginale, ou au cours de la minute qui la suit, ET
- une incapacité à retarder l’éjaculation lors de toutes ou presque toutes les pénétrations vaginales, ET
- des conséquences personnelles négatives, telles que frustration, soucis, souffrance psychologique et/ou l’évitement de l’intimité sexuelle.
En réalité, ce problème relève principalement d’un manque de contrôle de l’excitation sexuelle.
L’éjaculation précoce affecte de 30 % à 35 % des hommes et représente le problème sexuel masculin le plus répandu.
Causes
Pendant très longtemps, les causes de l’éjaculation précoce étaient considérées comme étant essentiellement d’origine psycho-comportementale :
- stress, peur de l’échec, peur de ne pas être performant, anxiété, fatigue. Le problème se pose d’ailleurs souvent lors des premiers rapports sexuels ;
- tension émotionnelle incontrôlable, qui peut être liée au contexte ou à la rareté des rapports sexuels ;
- mauvaise habitude de masturbation, durant l’adolescence ;
- troubles érectiles ;
- éducation reçue ;
- traumatisme psychologique ;
- comportement précipité ou tendu du partenaire…
- etc…
Mais au cours de la dernière décennie, les chercheurs ont pu montrer une origine biologique de l’éjaculation précoce. En particulier, il est maintenant admis que la sérotonine (un neuromédiateur jouant un rôle dans le système des émotions en générale) joue un rôle important dans la maitrise de l’excitation et donc de l’éjaculation. C’est la raison pour laquelle, les médicaments ayant une influence sur la sérotonine peuvent alors avoir un impact sur l’éjaculation précoce (cf. Traitements)
La consommation de certaines drogues (cocaïne, amphétamines) favorise la stimulation du système nerveux et peut avoir un effet précipitant l’éjaculation. A l’inverse, à l’arrêt de certaines drogues (comme le cannabis) l’éjaculation peut devenir rapide de façon transitoire ou durable. C’est une des raisons supplémentaires d’éviter les consommations des différentes drogues !
L’éjaculation précoce est rarement due à une pathologie organique :
- infection de l’urètre ou de la prostate ;
- présence d’un phimosis (impossibilité de découvrir le gland) ;
- prépuce trop court favorisant une stimulation trop rapide.
En pratique, chez chaque homme l’éjaculation peut être trop rapide à cause de différents facteurs souvent concomitants. D’où l’importance parfois d’avoir un traitement associant des méthodes pouvant agir sur chacun des facteurs (biologique, psychologique, relationnel, comportemental etc)
Symptômes
L’éjaculation survient trop vite, avant la pénétration ou dans les quelques minutes suivant le début de la pénétration et cela, pratiquement chaque fois qu’il a une relation sexuelle.
Prévention
Avec l’âge et au fil des expériences, l’homme peut apprendre à mieux se contrôler et sentir les prémices de l’éjaculation.
Cependant, pour certains, il n’est pas facile de régler seul ce problème d’éjaculation précoce et la consultation d’un sexologue peut se révéler indispensable.
Certains comportements peuvent aider tels que :
- prendre le temps de communiquer avec sa partenaire et accorder de l’importance à l’ambiance et aux préliminaires ;
- se détendre et apprendre à maîtriser son stress et son anxiété en faisant de l’exercice ou de la relaxation par exemple ;
- varier les plaisirs et les positions, certaines positions sexuelles permettant un meilleur contrôle de l’imminence orgasmique.
Certaines méthodes telles que les méthodes « arrêt-départ » ou « Masters et Jonhson » permettent d’apprendre à mieux contrôler l’arrivée de l’éjaculation en repérant les sensations d’alerte de l’orgasme et en maîtrisant son excitation sexuelle. La technique, à mettre en application idéalement avec sa partenaire, consiste à stimuler le pénis jusqu’au moment qui précède l’éjaculation et à arrêter avant que l’homme n’atteigne un point de non-retour. Une compression du pénis peut alors être exercée jusqu’à ce que la sensation d’éjaculation imminente disparaisse. L’érection cesse partiellement et la stimulation peut reprendre. Mais malheureusement, dans bien des cas, cette méthode peut être mal vécue par les couples car nécessite une interruption fréquente de l’acte.
La rééducation périnéale (exercices de Kegel) peut également apporter une amélioration.
Traitement
Il existe plusieurs types de méthodes psycho-comportementales (par exemples les méthodes sexo-corporelles ou sexo-fonctionnelles, les psychothérapies, les thérapies cognitivo-comportementales, l’hypnose, etc). Même si elles diffèrent par la technique utilisée, ces méthodes ont des ponts communs :
- Comprendre que l’éjaculation est provoquée par la montée de l’excitation
- Repérer le point « de non retour » à partir duquel l’éjaculation ne peut pas être maitrisée
- Apprendre à moduler l’intensité de l’excitation pour retarder l’éjaculation
- L’excitation peut être modulée par des techniques mentales (psychologiques) ou corporelles (physiques)
- Apprendre au couple à modifier et varier leur répertoire sexuel (autre que les mouvements de va et vient) pour augmenter le plaisir lors des rapports sexuels
Certains médicaments (principalement des Inhibiteurs de la Recapture de la Serotonine, IRS, utilisés généralement dans les traitements de certains troubles anxieux, problèmes de stress post traumatiques, dépression et autre problèmes psychologiques) ont le pouvoir de ralentir l’établissement du réflexe de l’éjaculation..
Plus récemment, (mars 2013) un IRS spécifiquement dédié au traitement de l’éjaculation précoce (et non indiqué dans les problèmes psychologiques et en particulier, il ne s’agit pas d’un antidépresseur) a été commercialisé en France. Il existait en Europe depuis plusieurs années. Son principal intérêt est d’agir sur la composante biologique de l’éjaculation précoce en complément des méthodes psycho-comportementales.
D’autres utilisent des préservatifs contenant un anesthésique ou des gels anesthésiant.
En réalité, la plupart des sexologues utilisent actuellement des thérapies associant des traitements médicamenteux aux techniques psychologiques. Mais l’utilisation de l’une ou l’autre des techniques seules est également possible.
Une infection de l’urètre ou de la prostate sera traitée par la prise d’antibiotiques par voie orale pendant plusieurs jours.
Les hommes souffrant d’éjaculation précoce peuvent consulter leur médecin traitant pour demander de l’information et de l’aide. Même si souvent la thérapie auprès d’un sexologue constitue le traitement standard de l’éjaculation précoce.